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    Félix Ramon

ThinkTank-Panorama 14

  • DESCRIPTION

    Pénétrer dans ThinkTank, c’est avant tout entrer dans deux types d’espaces. Celui d’une cabine confinée qui est le début philosophique et matériel de l’œuvre, mais également son ossature retenant la chair de son message : un espace virtuel et labyrinthique plus ample que son hôte. L’installation procède, en premier lieu, d’une dialectique de l’évasion et de l’enfermement. De ce premier paradoxe naît une angoisse, celle qui surgissait des Prisons de Piranèse où des lieux gigantesques s’embrassaient furieusement d’un simple regard posé sur une feuille A4. Ces gravures furent elles aussi des espaces virtuels avant d’être des exemples sur la base desquels nous érigeâmes nos prisons modernes. Le vertige de ces architectures abyssales est doublé par leur caractère prophétique. L’homme dépassé jadis par la nature l’est maintenant par ce qu’il a créé. Cet espace, le spectateur le découvre assis face à un ordinateur. Après quelques questions éliminatoires, il est invité à pérégriner de zone en zone dans ce dédale, croisant Robert Filliou au hasard des impasses (entre autres surprises), pendant que défile sur l’écran une série de phrases, des souvenirs que semble nous raconter directement une machine qui transgresse les limites de l’intelligence artificielle. L’ordinateur est un simulacre du cerveau, une prothèse aurait dit Daniel Dezeuze, mais jusqu’à quelle mesure est-il capable de se substituer à la pensée ? Peut-il feindre l’émotion ou la curiosité ? L’homme dépassé jadis par sa création l’est maintenant par sa créature. Avec ThinkTank, Félix Ramon nous fait nous interroger sur qui, de l’homme ou de la machine, est le maître ou l’esclave. L’artiste lui, s’en amuse, subsumant ces deux états dans son rôle de marionnettiste. Thomas Coquelet