• Libre Circulation
    Pierre Hoezelle
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    Pierre Hoezelle

Libre Circulation-Panorama 14

  • DESCRIPTION

    Cette installation est probablement le premier objet que le visiteur de cette exposition rencontre sur son chemin. Il n’y a pourtant rien de plus banal que ces parallélépipèdes que l’on voit dans les tankers, sur les rames des trains, sur les châssis des camions ou bien encore entassés avec des centaines de semblables, en immenses cubes chamarrés, sur les quais des cités portuaires. Standardisé à l’extrême afin de pouvoir être rempli, chargé, transporté, déchargé, vidé, ce conteneur est ici paré de l’incongruité de son emplacement. Fait pour aller partout il parvient à faire irruption là où on ne l’attend pas. Pour ceux qu’il invite directement dans ses entrailles il fait office d’antichambre au reste de l’exposition ; pour ceux qui auront préféré l’éviter jusqu’à la fin il constituera un étrange cul-de-sac.
    Arrivant dans ce lieu avec toute la certitude de qui il est, le visiteur croit bien savoir où il va. Et pourtant… Après avoir pénétré dans l’enveloppe de métal, il est transporté dans un lieu dont l’indéfinition extrême lui fait poser au moins cette question : « Que fais-je ici ? ». Pénétrant dans cet espace étroit le visiteur n’y découvre d’abord que du vide, c'est-à-dire et avant tout lui-même qui pense à ce vide. Au bout de quelques secondes il remarque peut-être les sons qui se font entendre depuis l’extérieur où il était il y a un instant. À y regarder de plus près il distingue des ouvertures, ou plutôt des fentes, par lesquelles il voit défiler devant lui les trajectoires multiples qu’a empruntées ce conteneur ; ses voyages et ses pauses interminables, les gardiens venus inspecter les alentours, les ouvriers qui travaillent au loin, les véhicules de chantier.
    Il voit par ces trous, laissés dans les parois, les immenses distances couvertes chaque jour par ces objets inertes, et qu’il a lui-même, peut-être, rêvé de parcourir un jour. Bien sûr cela ne lui est pas possible, à d’autres non plus, l’eussent-ils souhaité. Sans bouger de là il sait que l’autre côté de la paroi ne lui est pas accessible, qu’il est là par effraction. On se demande s’il ne faut pas, nous aussi, abandonner tout ce avec quoi l’on était venu pour gagner le droit d’aller ailleurs ; une libre circulation sur laquelle l’artiste nous invite à réfléchir.
    Alexis Carré